Préambule
-"Pourtant, elle est intelligente." me dit ma mère.
-"Oui, mais ma relation avec elle ne me convient pas ou plutôt elle ne me convient plus." lui répondis-je.
-"Elle n'est pas bête comme fille, elle a fait des études." poursuit ma mère.
Pendant que je m'affaire à la cuisine, je l'entends du salon qui ajoute "elle a un mari et un enfant" avant de compléter par "elle a un bon travail".
Oui mais voilà, malgré tous ces éléments, cette amie que je connais depuis l'enfance ne me convient plus. J'ai beau l'expliquer à ma mère et lui dire que si je la rencontrais aujourd'hui sans la connaître auparavant, je n'entamerais pas de relation d'amitié... Ma mère n'a pas l'air de trop comprendre. Cela m'arrive souvent avec elle; j'ai l'impression de parler une autre langue ou d'être sur une autre planète...
Elle continue donc de me parler de mon amie d'enfance avec des arguments très concrets, rationnels, terre à terre, qui pour elle sont logiques.... Et moi, je me sens frustrée car ce que j'ai envie de lui dire, c'est qu'aujourd'hui, avec cette amie, nous n'avons plus grand chose en commun, que nous avons évolué de manière différente. Je la ressens de manière très pessimiste et elle semble me voler mon énergie et mon attention lors de nos rencontres, centrant uniquement la conversation sur ses problèmes....Je n'ai plus vraiment envie d'échanger avec elle ni de continuer à entretenir cette relation. Je sens qu'elle ne me fait pas du bien...
Quelques jours après cette discussion, je repense à cet échange, ce qui m'amène à me poser différentes questions et émettre quelques hypothèses.
Je comprends que lorsque ma mère émet toutes ces qualifications sur mon amie, elle exprime son propre jugement sur ce qu'elle trouve acceptable pour entamer une relation avec une personne. "Etre mariée" est un bon début, "avoir un enfant" est une bonne suite, et "être intelligente" une bonne conclusion! C'est l'avis de ma mère et cela lui appartient. Sauf que pour moi, c'est une toute autre histoire... Je ressens littéralement les autres avec mon corps: mal au ventre, sensation de malaise ou de joie, envie de voir la personne ou pas. Et c'est ainsi que je ressens cette personne que je connais depuis l'enfance: avec une envie de ne plus la voir... Ceci est difficile à expliquer à un tiers car ce sont des sensations subjectives, ni rationnelles ni concrètes...
C'est ainsi que je me suis intéressée à l'intelligence émotionnelle, d'où est né cet article.
L'Intelligence Emotionnelle, qu'est-ce que c'est?
Lorsqu'on en fait la recherche, "l'intelligence émotionnelle se définit pour un individu par la capacité à percevoir, comprendre, maîtriser et exprimer une émotion qui lui est propre et à distinguer et décoder une émotion chez une autre personne".
Totalement d'accord avec cette définition! Mais avant de dire que cela est maîtrisé en chacun de nous....
Capacité à percevoir une émotion qui nous est propre: Aujourd'hui, je peux répondre par l'affirmative mais cela n'a pas toujours été le cas. Par mes expériences de vie et en apprenant à mieux me connaître, je sais que mes émotions se manifestent d''abord à travers mon corps physique. Surtout quand mes émotions font surgir des sensations de malaise, comme un mal au ventre, une boule à la gorge, une sensation de ne pas être bien sans trop savoir pourquoi. Je sais maintenant que j'ai intérêt à écouter ces émotions pour ne pas que cet état empire...Cela est beaucoup plus simple quand il s'agit d'émotions qui provoquent le rire, la joie ou le bien-être!
Capacité à comprendre une émotion qui nous est propre: J'avoue que cela m'est difficile mais j'y arrive. Très souvent, il me faut du temps pour associer l'émotion que j'éprouve avec l'évènement qui l'a déclenchée. Alors, j'ai développé des techniques pour prendre du recul sur mes émotions, comme la méditation que je pratique régulièrement. Depuis que j'ai découvert cette pratique, je la trouve très efficace; je peux la faire seule à n'importe quel moment de la journée. Un autre outil est de parler de ses émotions à un ami qui sait écouter sans juger, ou de consulter un professionnel. Certains tiennent un journal de leurs émotions qui peuvent les aider à identifier des schémas récurrents et à mieux comprendre les déclencheurs de certaines émotions. Me concernant, depuis peu, j'ai remarqué que mes rêves sont devenus de formidables outils dans la compréhension de ce que je suis en train de vivre....
Capacité à maîtriser et exprimer une émotion qui nous est propre: La maîtrise n'est pas mon fort même si j'ai fait des progrès. De nature plus impulsive quand j'étais plus jeune, j'ai vite compris que d'exprimer sa colère sur son lieu de travail n'est pas une bonne idée... Je l'ai appris lors de ma première expérience professionnelle, douloureux souvenirs... J'ai alors tenté de tout retenir en moi, mais ce n'était pas une bonne idée non plus. C'est ainsi que je me suis tournée vers la première médecine complémentaire: la sophrologie. La sophrologie m'a appris la respiration ventrale, très efficace pour se calmer rapidement. Le sport m'a été aussi d'un grand secours. Aujourd'hui, je peux dire que j'ai trouvé la paix car la colère et le dégout ne font plus partie de mon quotidien. J'ai compris que ces émotions étaient présentes pour me signaler quelque chose que je ne voulais pas voir à cette époque: celle que je n'étais pas à ma place et que cet emploi ne correspondait pas à ma vraie nature. Maintenant, je peux librement exprimer mes émotions à travers l'écriture de mes articles, de mes méditations ou de mes posts sur les réseaux sociaux. Je sais que cela peut être utile aux autres.
Capacité à distinguer et décoder une émotion chez une autre personne : Alors là, je suis championne! et depuis toute petite... Certaines personnes me disent que c'est un don. Personnellement, je ne sais pas. Je crois que chacun peut arriver à capter les émotions des autres, en faisant preuve d'un minimum d'observation et de patience en le complétant avec des connaissances et de la pratique. Mais d'un autre côté, c'est sûr que j'ai dû arriver avec des prédispositions! Au début, ce n'était pas un cadeau mais plutôt un fardeau. Il a fallu que j'apprenne à distinguer mes propres émotions de celles des autres, comme le bébé ou l'enfant qui ne sait pas distinguer ses propres émotions de celles de ses parents et notamment de sa mère. Après de nombreuses années de travail sur moi (et je continue inlassablement encore aujourd'hui!) et en expérimentant tous les jours de la vie, je sais me connecter aux personnes qui viennent me voir en séance. Je suis comme une radio qui se branche sur la même fréquence que la personne!... Je peux ainsi l'accompagner au mieux pour résoudre sa problématique en étant en parfaite sécurité pour elle et pour moi.
❔Et vous?
Comment répondez vous à toutes ces questions? Où pensez-vous vous situer sur cette échelle de l'intelligence émotionnelle?
Comment se servir de cette Intelligence Emotionnelle?
Dans le cadre du travail:
Cela peut commencer dès le matin par la poignée de mains que vous donnez à vos collaborateurs. Vous pourrez peut-être sentir s'ils sont fatigués, énervés, ou bien au contraire enthousiastes et de bonne humeur. Vous pourrez sans doute mieux les appréhender pendant votre journée de travail.
Cela peut aussi être la première impression que vous donne la personne qui se présente pour un poste ou avec qui vous allez collaborer. Ecoutez tous ces signes en vous lorsque vous vous entretenez avec elle. Attention cependant à ne pas fabuler. Lorsque vous ne savez pas, il est préférable de laisser faire le temps, le meilleur des conseillers.
Dans le cadre amical:
L'intelligence émotionnelle peut vous aider à arriver dans un groupe d'amis pour un soirée ou un repas, et à être à l'aise tout en restant vous-même. En écoutant vos premières émotions, vous pourrez ressentir l'ambiance et l'énergie du groupe, peut-être même repérer la personne un peu triste. Pourquoi ne pas prendre un moment pour parler avec elle?
Dans le cadre familial:
Quoi de mieux que de pouvoir désamorcer une crise familiale quand on le peut? L'intelligence émotionnelle peut vous aider à mieux y parvenir. En comprenant par exemple, que vous êtes fatigué ce soir, vous pouvez lâcher prise sur les devoirs du petit dernier, évitant ainsi colère, frustration et énervement. Ou bien en voyant arriver votre partenaire du travail, vous comprenez en l'observant qu'il a eu une journée compliquée. Vous comprenez alors que cela ne vient pas de vous et ne dépend pas de vous; vous pouvez alors le laisser tranquille et vous consacrez à des activités plaisantes sans culpabilité.
Ce ne sont que des exemples de vie quotidienne parmi tant d'autres... Cette intelligence émotionnelle peut cependant vous faciliter la vie en la rendant plus fluide et plus douce. En écoutant vos ressentis, vous serez guidé pour prendre les décisions les plus adaptées aux situations.
Pas besoin d'avoir un quotient intellectuel à 160, cette forme d'intelligence va au-delà des capacités cognitives et intellectuelles traditionnelles. Je vous ai donné quelques outils pour la développer, mais vous pourrez bien sûr en trouver d'autres plus adaptés à vos besoins!
Conclusion
L'intelligence émotionnelle est comme une boussole et un formidable baromètre. Elle ne vous trompera jamais. Si vous vous trompez sur les personnes ou les situations, c'est soit que vous n'avez pas écouté votre intelligence émotionnelle, soit qu'elle a été masquée par des blessures ou des peurs...Alors dans ce dernier cas, cela vous indique sur quoi travailler pour vous libérer de vos peurs qui entravent votre véritable être!
Finalement, pour moi, cette intelligence émotionnelle pourrait se résumer à une intelligence du coeur, car seul le coeur, libéré de tout mental et de tout conditionnement, sait ce qui est bon pour nous!
Si ce sujet vous intéresse et que vous souhaitez en apprendre davantage, je vous invite à lire les écrits de Daniel Goleman, psychologue américain désigné comme le père de l'intelligence émotionnelle, après les publications de ses best-sellers "L'intelligence émotionnelle" et "Cultiver l'intelligence émotionnelle".
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